Il peut arriver qu'un projet soit refusé par l'éditeur, et l'on se retrouve alors assez malheureux, avec un dessin dont on ne sait plus quoi faire. Mais, en de plus rares occasions, un projet peut ne pas aboutir parce qu'il devient impossible de continuer le travail. Que ce soit parce que l'on sait qu'on n'en finira jamais, que personne ne sera content à l'arrivée, ou parce qu'on sait ne pas être la personne la plus à même de faire ce qui est demandé. Dans ces cas-là, je préfère arrêter de moi-même plutôt que de faire n'importe quoi pour être accepté.
Ici, la peinture n'a pas été terminée, et de nombreuses choses étaient encore à peine indiquées, comme le manche de la lance. Le brief décrivait le personnage de la jeune fille, d'originie mongole, assez garçon manqué, un tatouage sur les pomettes, les cheveux en chignon tenus par deux baguettes, etc. le tout très en détail, et sans la moindre possibilité de s'en écarter un tant soit peu (les cheveux au vent furent refusés dès les premiers croquis), mais le personnage vert était vague au possible. D'ailleurs, personne n'était capable de m'indiquer sa couleur réelle, si ce n'est celle de ses yeux, luisants sous un casque plus ou moins ottoman... Dans ces conditions, où il faut en outre appuyer sans cesse les détails, les couleurs et les contrastes, le cauchemar n'est jamais loin.
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Sometimes, you try to do your best, but it just doesn't seem to be enough, and your artwork ends up being rejected. But it also happens that you just have to stop working on a picture because you know that if you don't give up immediately, it will never end. When I know I'm not the right man to get the job done, I prefer calling the whole thing off instead of waiting to hear the publisher rejecting my piece of work.
Here, I didn't finish the painting and many things were still in a preliminary state, such as the sleeve of the spear. The brief was very explicit about the young Mongol-type girl, a bit boy-looking, with her hair attached with two wooden sticks, a tattoo on her cheekbones, etc. and I couldn't do any interpretation at all (flowing hair were rejected in the first sketch). On the other hand, the green monster was very vague, and no one could actually indicate me his real color, if not the color of his eyes, which had to be glowing under a ottoman-like helmet. In such conditions, when you have to push your colors, your contrasts and the degree of details, you know you're on board for a big, awake nightmare.